Revue d’actualités – Mars 2024

 

Nous avons le plaisir de vous présenter le 11ème numéro de la revue d’actualités de l’O-CR. Ce numéro rapporte une sélection non exhaustive de faits marquants des deux premiers mois de l’année 2024 survenus dans les camps de réfugié·e·s de cinq zones du monde: Europe, Amériques, Asie, Afrique, et Afrique du Nord Moyen-Orient.

Ainsi, nous vous invitons à nous suivre pour un tour d’horizon des faits d’actualités survenus :

En Europe, on relève de nouvelles condamnations au niveau national et européen pour mauvais traitements et conditions d’accueil au sein de centres d’accueil. En Asie, les conséquences de la fuite de la communauté Rohingya, persécutée en Birmanie, vers les pays alentours sont toujours visibles. En Amériques, des réfugié·e·s au Chili victimes d’incendies mortels

En Afrique, les Soudanais·e·s tentent de trouver refuge au Soudan du Sud tandis que le conflit se poursuit dans le pays. Et pour finir, en Afrique du Nord Moyen-Orient, des millions de Palestinien·ne·s de Gaza fuient vers la petite ville de Rafah au sud de la bande pour échapper aux bombardements israéliens.

 

Sara Trabi
Sara Trabi
Amel Chiguer
Amel Chiguer

 

Sara TRABI et Amel CHIGUER, Co-responsables éditoriales

 

 

 

Dans ce numéro:

Zone Europe 


  • Royaume-Uni. Médecins Sans Frontières et Médecins du Monde installent une clinique mobile à destination des exilé·e·s dans le camp de Wethersfield.
  • France. Une victime de violences policières en centre de rétention administrative obtient la condamnation de l’un des deux policiers impliqués.
  • Belgique. La justice belge autorise un collectif à saisir 2,9 millions d’euros de fonds publics pour loger les demandeur·se·s d’asile.
  • Italie. Un jeune exilé guinéen met fin à ses jours dans le centre de rétention de Ponte Galeria.
  • Grèce. La Cour Européenne des Droits de l’Homme exige l’amélioration des conditions de vie d’une femme demandeuse d’asile et de son bébé au sein du camp de Samos.
  • France. L’évacuation du campement de Mamoudzou continue sur l’île de Mayotte.

Zone Asie Pacifique


  • Inde. Une situation inquiétante pour les enfants nés dans les camps du Mizoram.
  • Bangladesh. Cox’s Bazar, le plus grand camp de réfugié·e·s au monde, touché par un grave incendie.
  • Inde. Des femmes en Inde redynamisent l’éducation dans les camps Rohingyas, malgré des défis persistants.
  • Malaisie. Des dizaines de déplacé·e·s rohingyas fuient un centre de détention malaisien.

Zone Amériques 


  • New-York, Etats-Unis. Intempéries : 2 000 demandeur·se·s d’asile dont familles et enfants mineurs évacué·e·s d’un camp aux marges de Brooklyn.
  • New-York, Etats-Unis. 70 000 demandeur·se·s d’asile hébergé·e·s à New York risquent une mise à la rue.
  • Mexique. La prolifération des campements improvisés au Mexique.
  • Chicago, Etats-Unis. Expulsion ajournée pour les 14 300 demandeur·se·s d’asile hébergé·e·s à Chicago.
  • Canada. Un recours collectif contre le Canada et la loi d’accueil de migrant·e·s jugée raciste et discriminatoire.
  • Chili. Des incendies meurtriers touchent deux camps de migrant·e·s au Chili.

Zone Afrique


  • Ouganda. Des opérations de reboisement menées par des réfugié·e·s pour restaurer et préserver leur environnement.
  • République centrafricaine. La prise en charge des déplacé·e·s de Nzakoundou après une attaque meurtrière au Nord-Ouest de la République centrafricaine.
  • Tanzanie. La Tanzanie envisage un renvoi massif des réfugié·e·s dans leur pays d’origine.
  • Ethiopie. Déplacé·e·s en Éthiopie : Plus d’un an après l’accord de Pretoria, la quête du retour persiste.
  • Rwanda. Dans le camp de réfugié·e·s de Mahama, les réfugié·e·s peinent à se nourrir.
  • Soudan. Alerte d’urgence dans le camp de déplacé·e·s de Zamzam: chaque deux heures, un enfant est tué par la malnutrition.
  • Soudan du Sud. Le conflit s’enlisant au Nord alimente l’afflux des réfugié·e·s dans les camps du Sud Soudan.

Zone Afrique du Nord/Moyen-Orient


  • Cisjordanie. Les raids destructeurs de l’armée israélienne s’intensifient dans le camp de Nour Chams.
  • Liban. La forte identité palestinienne du camp de Bourj El Barajneh, au Liban.
  • Turquie. Un réfugié iranien témoigne des mauvaises conditions de détention dans un centre de rétention turc.
  • Cisjordanie. La mise en cause de l’UNRWA inquiète les résident·e·s des camps de Cisjordanie.
  • Syrie. Des milliers de Syrien·ne·s risquent la famine dans un camp assiégé et en plein désert.
  • Syrie. Les forces kurdes lancent des opérations de sécurité contre l’Etat Islamique dans le camp d’Al-Hol.
  • Egypte. L’Egypte construit une zone emmurée près de la bande de Gaza.
  • Palestine. Rafah vibre de “peur et de fureur” et attend l’invasion israélienne.

 

Kieu-Van Lê
Kieu-Van Lê
Mounia Azzouz
Mounia Azzouz
Hector Lepage
Hector Lepage

 

 

 

 

 

| 25/01/2024

Une victime de violences policières en centre de rétention administrative obtient la condamnation de l’un des deux policiers impliqués

France. Samir, jeune lybien de 22 ans, obtient le 22 décembre 2023 la condamnation de l’un de ses deux bourreaux par le Tribunal de Grande Instance de Toulouse, pour des faits de violence “par personne dépositaire de l’autorité publique” survenus le 24 novembre 2022, alors qu’il était enfermé depuis 45 jours dans le centre de rétention administrative (CRA) de Toulouse-Cornebarrieu. Ce verdict s’appuie sur des images de vidéosurveillance, qui invalident la plainte déposée par les policiers contre le jeune homme, l’accusant de « rébellion » et de « menace de crime contre un dépositaire de l’autorité publique ». D’après StreetPress, la caméra “filme un policier […] qui enfonce ses pouces dans les orbites de Samir alors que ce dernier est allongé et immobilisé sur un banc contre le mur”. Il sera condamné à quatre mois de prison avec sursis. Quant au second agresseur : “la victime disparaît de l’image au moment précis où le poing serré du brigadier Amar se dirige vers sa poitrine”. Celui-ci sera relaxé, l’officier de police chargé de l’enquête concluant que “la continuité du mouvement n’est pas établie”. Il s’agit en France de la deuxième condamnation pour violences policières en centre de rétention, la première datant de 2017, alors même que le collectif A bas les CRA répertorie de nombreux témoignages de violences toujours impunies. La Défenseure des droits a reçu quatre autres plaintes de détenus dans ce même CRA, dont l’une visant le brigadier Amar. Les instructions sont en cours.

 

 

 

 

 

| 05/02/2024

La justice belge autorise un collectif à saisir 2,9 millions d’euros de fonds publics pour loger les demandeur·se·s d’asile

Belgique. La Cour d’appel de Bruxelles a rendu un arrêt sans précédent le 23 janvier 2024, dans l’affaire opposant l’Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile (Fedasil) et un collectif composé d’une dizaine d’associations engagées pour la protection des personnes exilé·e·s. Malgré les multiples condamnations dont elle a écopé pour avoir manqué à son obligation de loger les demandeur·se·s d’asile – 8.800 en l’espace de deux ans -, l’agence a refusé de se conformer aux arrêts précédemment rendus, en s’abstenant de payer les astreintes dont elle était redevable. Face à cette inertie, une dizaine d’associations ont entrepris une action collective en justice contre Fedasil. La Cour d’appel de Bruxelles a alors autorisé la saisie de l’intégralité des astreintes demeurées impayées, soit un montant de 2,9 millions d’euros. Cette décision a été vivement contestée par la secrétaire d’État à l’Asile et à la migration, Nicole de Moor, selon qui Fedasil, fournit des efforts constants pour loger les demandeur·se·s d’asile, notamment par l’ouverture d’une dizaine de centres au cours des deux dernières années. Le collectif à l’origine de la plainte dénonce a contrario un manque de volonté politique, et soutient que la mise en place d’un plan de répartition obligatoire dans les communes belges, à raison de 5 demandeur·se·s d’asile par commune permettrait de régler la crise de l’accueil. Le collectif a annoncé que les sommes saisies permettront de fournir une assistance matérielle aux associations présentes sur le terrain. Toutefois, Fedasil a introduit un recours contre la décision, suspendant temporairement la saisie de ses fonds.

 

 

| 07/02/2024

Un jeune exilé guinéen met fin à ses jours dans le centre de rétention de Ponte Galeria.

Italie. Oussmane Sylla était détenu dans le centre de séjour pour les rapatriements (CPR) de Ponte Galeria au sud-ouest de Rome lorsqu’il s’est donné la mort le dimanche 4 février 2024. Ce jeune exilé guinéen de 22 ans a été retrouvé pendu dans sa cellule, où il avait inscrit sur les murs « Si je meurs, j’aimerais qu’on envoie mon corps en Afrique, ma mère en sera contente. Les militaires italiens ne connaissent rien sauf l’argent ». Oussmane Sylla était enfermé dans un CPR  géré par un prestataire privé, où sont placé·e·s les étanger·ère·s en situation irrégulière n’ayant pas fait de demande d’asile ou venant de pays sûrs et faisant l’objet d’une procédure d’expulsion. Selon la sénatrice italienne Ilaria Cucchi, qui s’est rendue plusieurs fois sur les lieux, « ce sont des lieux de torture». Elle explique que les personnes détenues « sont bourrés de psychotropes et leurs vies sont suspendues, sans perspective ». L’événement dramatique qui s’est produit au centre de Ponte Galeria n’est malheureusement pas un cas isolé. L’association Naga qui vient en aide aux migrant·e·s a enquêté sur les conditions de détention dans les CPR et a révélé que des cas d’automutilation et tentatives de suicide avaient été enregistrés. Elle corrobore également l’enquête menée par la revue italienne Altreconomica qui établit que l’usage de médicaments à des fins de contrôle est pratiqué dans ces centres. Malgré les conditions de détention désastreuses, la première ministre italienne, Giorgia Meloni réitère régulièrement son souhait de généraliser les CPR en installant un centre dans chacune des vingt régions italiennes. 

 

 

| 15/02/2024

Médecins Sans Frontières et Médecins du Monde installent une clinique mobile à destination des exilé·e·s dans le camp de Wethersfield

Royaume-Uni. Pour la première fois dans son histoire, l’association humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF) intègre dans son champ d’action les demandeur·euse·s d’asile logé·e·s dans une caserne militaire à Wethersfield. Ce camp, où sont logés environ 650 hommes qui attendent le traitement de leur demande d’asile, est, pour l’ONG Médecins du monde une “prison à ciel ouvert”. En effet, ce centre est grandement critiqué par les ONG et les associations d’aide aux migrant·e·s, qui dénoncent des conditions d’hébergement indignes. Un rapport datant de 2015 réalisé par le Human Right network souligne que la santé mentale des personnes au sein du camp s’est rapidement dégradée : perte d’appétit, symptômes de stress post-traumatique … Si un centre médical existe déjà sur place, celui-ci ne prodigue aucun soin lié à la santé mentale, selon les ONG. Pour le gouvernement britannique, le centre “répond à tous les standards de santé et de sécurité”. Le journal The Guardian avait pourtant révélé, en décembre dernier, qu’un homme avait tenté de s’immoler par le feu, en lien avec ses conditions de vie insupportables au sein du centre.

 

 

| 15/02/2024

La Cour Européenne des droits de l’homme exige l’amélioration des conditions de vie d’une femme demandeuse d’asile et de son bébé au sein du camp de Samos

Grèce. Dans un arrêt du 5 février, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a exigé que les autorités grecques fournissent un logement sûr et adapté, et des provisions essentielles telles que de la nourriture, de l’eau et des soins médicaux à une femme demandeuse d’asile et son bébé au sein du camp de Samos, en Grèce. Malgré sa présentation, par les responsables européens, comme un modèle d’accueil pour les migrant.e.s, le camp de Samos, ouvert en 2021 avec le financement de l’Union européenne (UE), a été le sujet de nombreuses défaillances et de violations des droits humains, selon des documents internes de l’UE et des rapports d’ONG. Un rapport, publié par l’ONG Refugee Support Aegan, révèle des conditions de vie inacceptables pour les résidents du centre, et dénonce la surpopulation, le manque d’hygiène, la distribution insuffisante de nourriture, entraînant des épidémies de maladies comme la gale. Malgré les efforts limités de certaines ONG comme Médecins sans frontières (MSF), pour fournir des soins médicaux, la situation reste critique. L’objectif initial du centre, qui était d’améliorer les conditions de vie par rapport au camp précédent de Samos ne semble pas avoir été atteint.

 

 

 

 

 

| 20/02/2024

L’évacuation du campement de Mamoudzou continue sur l’île de Mayotte

France. Une semaine après l’annonce de l’abrogation du droit du sol à Mayotte, la tension continue de s’accentuer entre des collectifs de riverain·e·s et les populations immigrées. Ces dernières se sont réfugiées dans le camp de Mamoudzou, installé aux abords du stade de foot de Cavani, pour fuir les violences perpétrées par certain·e·s riverain·e·s à leur égard : agressions, expulsions de logement, dégradations matérielles. Les déplacé·e·s, originaires de la Somalie, du Soudan, de la République démocratique du Congo, ou encore de la Tanzanie et du Mozambique, sont surprises et choquées de leur traitement. Certain·e·s sont détentrices d’un titre de séjour en règle, d’autres travaillent à Mayotte depuis plusieurs années. Le climat de terreur a poussé jusqu’à 700 occupant·e·s à trouver refuge dans le campement fin janvier. Le démantèlement ayant commencé, seul·e·s 250 sont toujours installé·e·s, redoutant la mise en œuvre annoncée par le ministère des Outre-Mer de l’expulsion totale. 

 

 

Manon Balagi
Manon Balagi
Elizabeth Vénisse
Elizabeth Vénisse
Lucie Courant
Lucie Courant

 

 

 

 

 

| 5/01/2024

Une situation inquiétante pour les enfants nés dans les camps du Mizoram

Inde. La situation devient de plus en plus préoccupante pour les enfants des réfugié·e·s en Inde, alors que de nouvelles élections législatives auront bientôt lieu en avril 2024. En effet, de nombreux·ses Birman·e·s trouvent refuge en Inde, notamment dans les camps de Zokhawthar, situés à 300 kilomètres de la frontière avec le Myanmar. Fin 2023, on y comptait plus de 5000 réfugié·e·s birman·e·s et de nombreux enfants y sont nés. L’inde n’étant pas parmi les pays signataires de la Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugié·e·s et n’ayant pas établi de loi sur l’asile, le pays ne délivre pas de carte de réfugié·e. Ainsi, pour les nouveaux nés, aucun certificat de naissance ne leur est délivré, dans la mesure où son émission est soumise à la possession d’une carte d’électeur par les parents, chose que leurs parents ne possèdent pas, puisque le pays ne reconnait aucun droit aux refugié·e·s. Les enfants issus de leur union n’ont pas non plus de documents birmans, puisqu’ils ne sont plus sur le territoire, et se retrouvent ainsi en situation d’apatridie. Dès lors, ces enfants sont poussés vers une extrêmeme précarité dès le début de leur vie. Ces questions de délivrance ou non de documents d’identité complexifient un sentiment d’exile et de déchirement déjà bien ancré chez les deplacé·e·s, l’absence du statut de réfugié·e pousserait alors vers un choix coûteux : l’insertion dans le pays hôte au prix de l’attachement au pays d’origine et du droit au retour. Il reste à espérer que ces sujets soient au cœur des débats lors des législatives, et qu’une loi sur l’asile émerge.

 

 

| 8/01/2024

Cox’s Bazar, le plus grand camp de réfugié-e-s au monde, touché par un grave incendie

Bangladesh. Le camp de réfugié·e·s Rohingya a perdu plus de 800 habitations, salles de classes et mosquées qui le composent dans un terrible incendie en Janvier 2024. Cet incendie, qui n’a fait aucune victime, rappelle de façon tragique la vétusté des conditions d’encampement de Cox’s Bazar : l’ONG Save the Children a invité la communauté internationale et le gouvernement du Bangladesh à agir pour améliorer les conditions de vie dans ce camp abritant plus de 600 000 rohingyas dont 60% d’enfants. A ce jour, la violence armée, le mariage et le travail d’enfants perdurent dans ce que Shamin Jahan, Vice-Directeur Pays de Save the Children décrit comme une « réalité terrifiante ». Cette réalité est le quotidien de nombreux réfugié·e·s depuis que l’armée birmane a procédé à un nettoyage ethnique en 2017, menant à une fuite massive de centaines de milliers de personnes vers les pays environnants. L’ONG Save the Children poursuit son plaidoyer en faveur d’une solution long terme de droit au retour, mais le Myanmar est encore aujourd’hui frappé d’une grande instabilité religieuse ainsi que politique entre la junte militaire et ses opposants.

 

 

| 28/01/2024

Des femmes en Inde redynamisent l’éducation dans les camps Rohingyas, malgré des défis persistants

Inde. Un rêve longtemps caressé par près de 150 enfants réfugié·e·s rohingyas des camps de Madanpur Khadar s’est finalement réalisé grâce aux efforts des femmes leaders de leur communauté. Après avoir perdu le soutien d’une fondation caritative, ces enfants ont pu reprendre leur éducation en 2022, grâce à l’initiative de Minara, 30 ans, une leader communautaire. Malgré le statut précaire des réfugié·e·s rohingyas en Inde et les défis bureaucratiques, ces enfants ont été inscrit·e·s dans des écoles gouvernementales de Delhi, ouvrant ainsi des portes vers un avenir meilleur. Cependant, les obstacles restent nombreux, notamment des résultats académiques mitigés et des mariages forcés de jeunes filles dans les camps. La barrière linguistique est aussi un facteur important d’échecs scolaires. Dans l’ensemble, la situation des Rohingyas, l’une des minorités les plus persécutées au monde, demeure sombre, avec des perspectives d’avenir incertaines, soulignant le besoin d’une solution durable à cette crise humanitaire.


 

 

 

 

 

| 02/02/2024

Des dizaines de déplacé·e·s rohingyas fuient un centre de détention malaisien

Malaisie. Des réfugié·e·s rohingyas (plus de 100 personnes) et des personnes originaires du Myanmar (environ 16 personnes) ont fui un centre de détention en Malaisie, à Bidor dans le nord de la région de Perak. Cette fuite a provoqué des émeutes entraînant la mort d’un homme (celui-ci percuté par une voiture). Suite à cet incident, la Malaisie a lancé une vaste opération de recherche, mobilisant des centaines de forces de sécurité pour retrouver les fugitif·ve·s. Les Rohingyas, majoritairement musulman·e·s, ont fui le Myanmar vers le Bangladesh voisin en 2017 pour échapper à une répression militaire brutale, considérée comme un génocide par la Cour internationale de Justice. La Malaisie, destination prisée des Rohingyas, ne dispose d’aucun système pour traiter les demandes d’asile, les considérant comme des migrant·e·s illégaux. Cette répression accrue de l’immigration en Malaisie a exacerbé la précarité des Rohingyas et d’autres réfugié·é·s, les exposant au risque d’arrestations ou d’exploitation dans des emplois mal rémunérés.

 

 

Anjali Claes
Anjali Claes
Lucía Zarazaga
Lucía Zarazaga

 

 

 

 

| 12/01/24

Intempéries : 2 000 demandeur·se·s d’asile dont familles et enfants mineurs évacué·e·s d’un camp aux marges de Brooklyn

New York, Etats-Unis. 2 000 personnes demandeuses d’asile, majoritairement des familles avec enfants mineurs venues de l’Amérique de sud et centrale (dont la Colombie, l’Equateur, ou le Venezuela), ont dû évacuer un camp où elles étaient hébergées suite à l’annonce d’une tempête sévère. Les élu·e·s et militant·e·s locaux·les avaient signalé aux autorités locales le risque d’inondation qui caractérise la zone, mais ce terrain isolé aux limites de Brooklyn a quand même été retenu pour la construction du camp. La presse est interdite dans ces lieux, mais le camp reste connu grâce à des photos et témoignages transmis par les résident·e·s à la presse et à leurs avocats. Deux grandes tentes abritent les chambres, qui ne disposent ni de meubles ni même de plafonds, il y a uniquement de fines cloisons pour séparer les espaces. Selon Yeisi Chirinos, vénézuélienne de 25 ans et mère de trois enfants, les lits n’ont pas de matelas, et ne sont que des lits d’appoint sans sécurisation pour les enfants. Durant les intempéries, les familles ont été accueillies à titre exceptionnel dans un lycée, situé à 4,8 kilomètres du camp, et sont retournées au camp à 4h30 le lendemain matin. Malgré la mise en place de cours à distance pour les élèves qui fréquentent le lycée habituellement, les habitant·e·s de ce quartier conservateur de Brooklyn ont manifesté devant le lycée contre l’accueil des demandeur·se·s d’asile, et le lycée a reçu au moins une alerte à la bombe.

 

 

| 25/01/2024

La prolifération des campements improvisés au Mexique

Mexique. Face à l’augmentation de migrant·e·s qui transitent par le Mexique pour rejoindre les États Unis, de nouveaux camps sont créés de manière improvisée. Dans l’État de Veracruz, au centre du pays, les caravanes de migrant·e·s font leur traversée assez rapidement en bus en prévoyant plusieurs arrêts, principalement dans des « albergues ». Ce sont des campements habituellement tenus par des ONG, tels que l’Albergue Décanal Guadalupano, qui disposent généralement d’infrastructures et de bonnes conditions d’accueil pour les réfugié·e·s. Toutefois, les places y sont restreintes, ce qui conduit à la création de campements improvisés, avec de simples tentes pour tenter d’affronter les intempéries. Au Veracruz, ces campements sont quasiment éphémères, les bus ne faisant qu’une pause dans la nuit. Les campements improvisés font face à plus de problématiques à la frontière avec les États Unis, par exemple au Chihuahua le camp Juan Pablo II s’est créé à côté des voies de train par lesquelles certains migrant·e·s arrivent. Entre 50 et 200 personnes s’installent sur cet emplacement chaque jour, la prochaine étape de leur trajet étant le passage de la frontière américaine, ce qui exige plus de ressources et d’organisation. En plus du manque d’infrastructures, des migrant·e·s y subissent des violences de la part de la police, des agents de sécurité des lignes ferroviaires et des agents de l’Institut National de Migration, les poussant dans une plus grande vulnérabilité. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

| 26/01/2024

70 000 demandeur·se·s d’asile hébergé·e·s à New York risquent une mise à la rue

New York, Etats-Unis. Les 70 000 demandeur·se·s d’asile, provenant majoritairement d’Amérique de sud et centrale, (dont la Colombie et le Venezuela), hébergé·e·s en hôtel, en centre d’hébergement, ou alors en camp à New York font face à des expulsions qui les reconduisent à la rue malgré des températures d’hiver. Des hommes isolés, dont 3 000 hébergés dans un camp sur l’île de Randall’s Island au centre du fleuve à l’est de Manhattan, ont une limite de séjour de 30 jours. Les 4 400 familles estimées, quant à elles, ont une limite de 60 jours. A l’issue de cette période, les personnes peuvent refaire une demande de mise à l’abri. Depuis le printemps 2022, près de 170 000 personnes demandeuses d’asile sont arrivées à New York, dont plus de 30 000 en bus aux frais du gouvernement Greg Abbott de l’État du Texas. L’administration du maire Eric Adams de New York poursuit en justice les compagnies de bus qui ont transporté les demandeur·se·s d’asile pour le coût estimé de leur accueil, soit 700 millions de dollars.

 

 

 

 

 

 

 

 

| 31/01/24

Expulsion ajournée pour les 14 300 demandeur·se·s d’asile hébergé·e·s à Chicago

Chicago, Etats-Unis. Les 14 300 demandeur·se·s d’asile hébergé·e·s en hôtel, en entrepôt, en bâtiments publics hors d’usage, ou encore à l’aéroport à Chicago ont vu leur durée d’hébergement prolongée jusqu’à 60 jours supplémentaires suite à une annonce du maire Brandon Johnson. Sur les 35 000 personnes arrivées depuis 2022, dont un certain nombre aux frais du gouvernement Greg Abbott du Texas, 11 500 ont été relogées par l’État d’Illinois, alors que 4 100 sont hébergées chez des connaissances. Parmi les 14 300 personnes désormais hébergées par la ville de Chicago, 4 900 sont des enfants.

 

 

 

 

 

 

 

 

| 9/02/2024

Un recours collectif contre le Canada et la loi d’accueil de migrant·e·s jugée raciste et discriminatoire

Canada. Kevin Palmer et Andrel Peters, deux migrants venant respectivement de Jamaïque et de Grenade ont déposé une demande de recours collectif contre l’État canadien dénonçant le caractère raciste et discriminatoire du Programme des travailleurs agricoles saisonniers. Cette loi de 1966 était au départ un accord bilatéral avec la Jamaïque, permettant aux ressortissant·e·s jamaiquain·e·s d’aller travailler dans le secteur agricole au Canada jusqu’à huit mois par an. Le programme a été étendu au Mexique et dix autres pays des Caraïbes. Les demandeurs dénoncent la situation d’insécurité face au risque de rupture du contrat et d’expulsion, l’abus de certain·e·s employeur·euse·s qui refusent de les payer et les forcent à faire des travaux à risque, ainsi que les mauvaises conditions d’accueil. En effet, des travailleur·euse·s ont déjà signalé des infestations de vermines, des installations sanitaires inadéquates et des conditions qui ont facilité la propagation de maladies transmissibles, telles que le Covid-19. Certains dorment par terre. Le consulat mexicain à Vancouver estime qu’entre 60 et 70 % des logements ne respectent pas les exigences légales pour être habitables. Les problèmes de logement ne viennent pas que des employeur·euse·s mais également des entraves dans la procédure administrative. Cette loi impose aux agriculteur·e·s de déposer une demande à la municipalité pour construire des infrastructures d’accueil sur leur terrain. Pourtant, les inspections sont rares et seulement 16 projets de logements temporaires ont été approuvés l’année dernière.

 

 

 

 

 

 

 

 

| 13/02/2024

Des incendies meurtriers touchent deux camps de migrant·e·s au Chili

Chili. Plus de 120 personnes sont décédées ce début d’année à cause des incendies qui se sont étalés dans la région centrale du pays. Le Chili fait face à la deuxième catastrophe la plus meurtrière depuis le tremblement de terre de 2010, et les conséquences sont particulièrement néfastes pour les campements irréguliers de migrant·e·s. Ces campements, installés sur des terrains non autorisés et construits avec des matériaux légers tels que le bois, sont plus exposés aux catastrophes naturelles. Jusqu’à maintenant, un campement de migrant·e·s vénézuélien·ne·s (Los Pírquenes), ainsi qu’un campement de migrant·e·s haïtien·ne·s (Limonares) ont été touchés, laissant 14 mort·e·s et des familles entières en situation de vulnérabilité et précarité totale. Pour l’heure, la municipalité a fourni des matériaux de construction aux familles des migrant·e·s décédé·e·s lors des incendies de novembre 2023 à Los Pírquenes, qui ont priorisé la construction d’un lieu de mémoire pour les défunt·e·s. Pourtant, la réponse n’est pas la même du côté de Limonares, dont l’affaire a été moins médiatisée et où les migrant·e·s risquent de se faire expulser suite à la perte de leur logement.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Aya Boubel
Aya Boubel
Yousra Erraghioui
Yousra Erraghioui
Zélia Briggs
Zélia Briggs

 

 

 

 

| 04/01/2024

Des opérations de reboisement menées par des réfugié·e·s pour restaurer et préserver leur environnement

Ouganda. Des réfugié·e·s ont mené des opérations de reboisement de plus de 350 hectares dans le camp de réfugié·e·s de Nakivale en Ouganda où vivent actuellement plus de 180 000 réfugié·e·s.  Initié il y a six ans par Énoch Twagirayesu, un réfugié burundais, le projet vise à restaurer un écosystème forestier détruit. En effet, les flancs des collines de Nakivale ont été fortement dévastées par le changement climatique et l’activité humaine. 

Énoch Twagirayesu souligne l’urgence d’intervenir : 

Les terres entourant Nakivale, qui abritent l’un des plus anciens camps de réfugié·e·s d’Afrique, ont été fortement impactées par l’exploitation agricole et la nécessité de répondre aux besoins des réfugié·e·s, notamment en bois pour les nouveaux arrivant·e·s principalement originaires du Congo. Pour restaurer cet environnement essentiel, une pépinière a été établie pour soutenir les efforts des réfugié·e·s dans la reforestation. De plus, des programmes de formation en matière d’environnement ont été organisés pour former les réfugié·e·s à la culture des semences et la germination des graines.

 

 

 

 

 

| 25/01/2024

La prise en charge des déplacé·e·s de Nzakoundou après une attaque meurtrière au Nord-Ouest de la République centrafricaine

République Centrafricaine. Le 21 décembre, une vingtaine de civil·e·s est tuée dans le village Nzakoundou (préfecture d’Ouham-Pendé), au nord-ouest de la République centrafricaine (RCA), à 60 km de la frontière tchadienne. Le massacre aurait été perpétré par le groupe armé 3R (Retour, Réclamation et Réhabilitation), composé d’éleveurs, devenu l’un des plus puissants groupes rebelles du pays depuis 2021. Fervent opposant au régime de Faustin Archange Touadéra, ce groupe mène régulièrement des attaques contre l’armée gouvernementale, ciblant également les populations civiles sur son chemin. L’attaque de Nzakoundou en est un exemple significatif. Outre les pertes en vies humaines, cette attaque a entraîné le déplacement de plus de 3500 personnes à la suite du pillage et du sinistre de 95% des logements, ainsi que des réserves alimentaires et des semences du village. Face à cette tragédie, des ONGs comme Action contre la Faim mobilisent leurs équipes présentes dans la préfecture du Ouham-Pendé pour venir en aide aux personnes déplacées. La majorité des réfugié·é·s se sont regroupé·e·s dans les communautés de Ndim et Kounang où ils passent leurs nuits en plein air, ayant besoin de kits de première nécessité, d’une aide alimentaire ainsi que la reconstruction d’urgence de leurs habitations avant la saison des pluies. Actuellement, 689 ménages sont concernés par cette situation.

 

 

 

 

 

 

 

 

| 26/01/2024

La Tanzanie envisage un renvoi massif des réfugié·e·s dans leur pays d’origine

Tanzanie. La présidente tanzanienne,  Samia Suluhu, a exprimé sa volonté de renvoyer plus de 200 000 réfugié·e·s présent·e·s sur le sol tanzanien vers leur pays d’origine. La présidente considère ces personnes comme un poids économique et une potentielle menace sécuritaire. Cette déclaration intervient après la mise en œuvre de diverses mesures visant à un retour volontaire, telles que l’interdiction de sortir des camps de réfugié·e·s, la fermeture des écoles, l’interdiction de posséder un petit commerce, ou un vélo, etc. Malgré ces restrictions, les réfugié·e·s, en particulier les populations burundaises, n’ont pas été convaincu·e·s de retourner massivement dans leur pays d’origine. La Tanzanie a longtemps été un refuge pour les réfugié·e·s en provenance de pays voisins, mais la présidente estime que le pays a déjà contribué de manière significative. Cette décision est notamment motivée par la diminution de l’aide internationale en leur faveur.  Par ailleurs, Samia Suluhu a accusé le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) de ne pas être à la hauteur de sa mission, tout en promettant de continuer à travailler avec l’organisation onusienne. Elle mise sur le « dialogue politique » avec les pays concernés pour résoudre la crise. La décision de la Tanzanie soulève des inquiétudes, non seulement quant à l’impact de déplacements massifs vers d’autres destinations, notamment Mayotte, relativement facile d’accès, mais aussi des questions humanitaires et sécuritaires.

 

| 26/01/2024

Déplacé·e·s en Éthiopie : Plus d’un an après l’accord de Pretoria, la quête du retour persiste

Éthiopie. Des déplacé·e·s originaires du Tigré, région au nord de l’Ethiopie, ont manifesté dans différentes villes du pays, exprimant leur désir de retourner dans leur région d’origine. Malgré l’accord historique de paix de Pretoria signé en novembre 2022, soit plus d’un an auparavant, entre l’armée éthiopienne et les rebelles tigréens du Front de Libération du Peuple Tigré (TPLF) mettant fin à deux ans de guerre civile en Éthiopie, des centaines de milliers de personnes demeurent déplacées, et certaines régions du Tigré restent occupées. Des milliers de réfugié·e·s soudanais·e·s et autres, ayant fui le Soudan depuis avril, trouvent refuge en Éthiopie. Le pays accueille actuellement environ 50 000 de ces personnes déplacées, parmi lesquelles se trouvent des demandeurs et demandeuses d’asile. Cette situation s’ajoute aux 47 000 réfugié·e·s déjà présent·e·s dans le pays. La région nord de l’Éthiopie a été le théâtre d’un conflit dévastateur entre 2020 et 2022, impliquant les forces tigréennes, l’armée fédérale, l’armée érythréenne et des milices amhara. Selon l’Union africaine, le conflit a causé la mort d’au moins 600 000 personnes et forcé un million d’autres à se déplacer. En tant que principal pays d’accueil de réfugié·e·s en Afrique, l’Ethiopie fait face à des défis humanitaires majeurs. Avec près d’un million de réfugié·e·s et plus de 3,5 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays, les opérations du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en Éthiopie sont pourtant parmi les moins financées. À la fin de l’année 2023, les programmes du HCR dans le pays étaient seulement financés à hauteur de 36 %, alors qu’un besoin de 426 millions de dollars était estimé pour faire face à la situation en 2024.

 

 

 

 

 

 

| 31/01/2024

Dans le camp de réfugié·e·s de Mahama, les réfugié·e·s peinent à se nourrir 

Rwanda. Alors que le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) avait interrompu la distribution des aides alimentaires auprès de la population réfugiée du camp de Mahama, au Rwanda, l’an dernier, il assure que l’assistance sera maintenue dans le camp pour l’année 2024. Ces coupures avaient suscité l’inquiétude des habitant·e·s du camp de Mahama. Ce camp se situe dans le district de Kirehe, dans la province orientale du Rwanda,  à la frontière avec la Tanzanie. Il se compose de 63.000 réfugié·e·s dont plus de 40.000 Burundais·e·s, le reste étant originaires du Congo. Cette population dépend principalement des aides des ONGs internationales et des associations nationales afin de se nourrir et répondre à leurs besoins. Néanmoins, l’HCR garantit que les aides en termes de nourriture, de soins de santé et d’éducation primaire et préscolaire seront maintenues tout au long de l’année 2024. Malgré les promesses de l’organisation onusienne, les gestionnaires du camp sur place demandent plus d’aides de la part de l’HCR, notamment en approvisionnement de gaz combustibles permettant de faire cuire la nourriture.

Des habitant·e·s du camp témoignent: 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

| 15/02/2024

Alerte d’urgence dans le camp de déplacé·e·s de Zamzam: chaque deux heures, un enfant est tué par la malnutrition

Soudan. La crise humanitaire au Soudan est en train de prendre des proportions alarmantes avec plus de 6 millions de déplacé·e·s internes, dont la moitié sont des enfants, d’après CARE, association internationale de lutte contre la pauvreté et les inégalités. Environ 18 millions de personnes sont confrontées à une faim sévère, tandis que plus de 700 000 enfants sont déjà en état de malnutrition. Dans les camps de Zamzam, au nord du Darfour, région située à l’ouest du Soudan à la frontière avec le Tchad,  un enfant meurt toutes les deux heures. En réponse à ces défis, CARE a réactivé ses programmes de nutrition dans le nord du Darfour, en offrant une aide vitale aux populations isolées. En parallèle, une évaluation réalisée par Médecins Sans Frontières (MSF) révèle une situation critique dans le camp de Zamzam. Près d’un quart des enfants souffrent de malnutrition aiguë et le taux de mortalité est très inquiétant tandis que tous les seuils d’urgence pour la malnutrition sévère ont été atteints. MSF exhorte à une réponse humanitaire urgente, mettant en évidence le besoin immédiat de nourriture, de soins, de santé et d’eau potable. MSF et CARE sont les principaux opérateurs de soins dans la région, cependant, leurs ressources sont insuffisantes.

 

 

 

 

 

 

| 18/02/2024

Le conflit s’enlisant au Nord alimente l’afflux des réfugié·e·s dans les camps du Sud Soudan

Soudan du Sud. Depuis avril 2023, la situation conflictuelle persistante au Soudan a forcé des milliers de personnes à fuir la guerre, cherchant refuge dans le Sud Soudan voisin. Les camps de réfugié·e·s qui recensent le plus d’affluence se situent dans les régions frontalières, comme ceux de Renk, Yida ou encore Pamir et Ajuong Thok. La majorité des déplacé·e·s sont des sud-soudanais·e·s qui avaient quitté le Sud Soudan lors de la guerre civile, qui a eu lieu entre 2013 et 2020. En raison de l’intensification du conflit récent, beaucoup retournent dans leur pays, principalement dans des villages qui ne disposent pas de services de base adéquats. En effet, si certains camps comme celui du Renk bénéficient de la présence d’organisations non-gouvernementales, telles que Plan ou Relief International, d’autres camps comme celui de Yida, situé dans l’Etat d’Unité, ont été négligés par les organismes humanitaires, notamment le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés. Pour le reste, l’ensemble des camps cités sont confrontés à une surpopulation croissante, ce qui exerce une pression maximale sur les services de santé et contribue à l’insuffisance de nourriture et d’eau potable. Pour tenter de trouver des conditions davantage optimales, certain·e·s déplacé·e·s remontent jusqu’à Juba. Cependant les camps sur place, comme celui de Gorom, font également face à de nombreuses difficultés du fait d’un coût élevé de la vie en périphérie de la capitale.

 

 

 

 

 

Agathe Natij
Agathe Natij
Quentin Marquet
Quentin Marquet

 

 

 

 

| 07/01/2024

Les raids destructeurs de l’armée israélienne s’intensifient dans le camp de Nour Chams

Cisjordanie. Le camp de Nour Chams, situé près de la ville de Tulkarem, compte environ 13 000 habitant·e·s. Depuis le 7 octobre 2023, il subit comme les autres camps de Cisjordanie une multiplication des raids nocturnes de l’armée israélienne. Le 6 janvier 2024, tôt le matin, elle a perquisitionné les domiciles de certain·e·s résident·e·s et détruit des maisons. Le 4 janvier, elle a détruit une garderie de l’UNRWA, déclarant y “avoir trouvé des engins explosifs”, et a arrêté 11 personnes, selon le Times of Israel. “Ils sont capables de bombarder les maisons même si nous sommes à l’intérieur,” affirme un habitant. “Ils sont venus quatre fois en deux semaines. Et nous savons qu’ils vont revenir ce soir.” Depuis le 7 octobre, le camp a aussi connu de violents affrontements entre l’armée israélienne et plusieurs brigades de Tulkarem. Selon une source palestinienne, le camp compterait environ 150 combattants. “Il n’y a plus de travail, la situation économique est catastrophique. Il n’y a pas de solution politique, c’est pour ça que les gens prennent les armes, et ils sont de plus en plus jeunes,” déclare un autre résidant. Suleiman Zuhairi, président par intérim de l’Université Kadoori de Tulkarem et activiste, affirme que les 27 personnes tuées à Nour Shams depuis le 7 octobre par l’armée israélienne, n’étaient pas des combattants.

 

 

 

 

| 08/01/2024

La forte identité palestinienne du camp de Bourj El Barajneh, au Liban

Liban. Le camp de Bourj El Barajneh au sud de Beyrouth abrite, sur une surface de seulement un kilomètre carré, 20 000 des 250 000 réfugié·e·s palestinien·e·s qui se sont déplacé·e·s au Liban par vagues successives depuis 1948. Il est difficile de s’y repérer pour les non-habitant·e·s, et son dédale de rues est orné de drapeaux et d’affiches de divers mouvements de résistance ou personnalités politiques palestiniennes, ou encore de la mosquée d’Al-Aqsa, à Jérusalem. Lorsqu’on leur demande d’où ils viennent, les résidant·e·s citent d’abord leur village d’origine en Palestine. Depuis le 7 octobre, les rues du camp sont anormalement calmes, et les habitant·e·s, en deuil, portent plus de noir que de couleurs. D’après Fayez Mahamid, psychologue clinicien et enseignant à l’université An-Najah, en Cisjordanie, “La Nakba (catastrophe, en arabe) a forgé cette identité, car les gens qui ont dû quitter leur terre ont vécu une expérience traumatisante. Maintenant, il y a les deuxième et troisième générations, qui ont toujours en tête ce qu’il s’est passé avec leurs familles.” Avec l’avènement de ce qu’il appelle “une seconde Nakba”, il craint que celle-ci vienne s’ajouter à ce traumatisme collectif. Il a étudié l’impact psychologique de la vie dans les douze camps palestiniens que compte le Liban, dont 90% des habitant·e·s vivent sous le seuil de pauvreté. “Les réfugiés souffrent de nombreux problèmes psychologiques, comme la dépression, l’anxiété et des comportements agressifs. (…) Les gens craignent toujours que quelque chose de mauvais leur arrive, que leurs maisons soient attaquées, qu’ils doivent fuir une nouvelle fois…”

 

 

 

 

| 15/01/2024

Un réfugié iranien témoigne des mauvaises conditions de détention dans un centre de rétention turc

Turquie. Sasan Zraei, ressortissant iranien, a été détenu pendant environ six mois dans plusieurs centres de détention turcs destinés aux migrant·e·s en passe d’être expulsé·e·s du pays. Durant l’année qui vient de s’écouler, les autorités turques ont augmenté le nombre de détentions et de déportations d’étranger·ère·s non enregistré·e·s. La Turquie accueille le plus grand nombre de réfugié·e·s au monde, avec environ 3,6 millions de Syrien·ne·s et 320 000 personnes d’autres nationalités sur son sol selon le HCR. Sasan a fui l’Iran il y a douze ans car il faisait l’objet de poursuites en raison de ses activités politiques. Il s’est immédiatement rendu en Turquie, où il a résidé à Istanbul jusqu’en 2023, puis son permis de résidence a expiré. Il a été arrêté dans un aéroport, où il s’était rendu pour accueillir ses parents, venus d’Iran pour lui rendre visite. Il a d’abord été emmené au centre de rétention de Tuzla, à Istanbul, où il est resté dix jours, puis à celui d’Erzurum, où il a passé quatre mois. Là-bas, il a expliqué que les sanitaires étaient largement insuffisants, de même que la quantité d’eau fournie aux détenus, à tel point que cela provoquait des rixes. Il a ajouté que “les agressions sexuelles contre de jeunes garçons étaient quotidiennes. Si quelqu’un tentait de s’enfuir, les forces de sécurité déshabillaient tout le monde dans le froid durant la nuit.” Sasan a aussi été témoin de tentatives de suicide. Il a ensuite été transféré dans le centre d’Agri, près de la frontière irakienne. Au moment de son interview, il résidait depuis quatre mois à Erbil, au Kurdistan irakien. Selon le Global Detention Project et l’AIDA (la base de données d’information sur l’asile, gérée par le Conseil européen pour les réfugiés et les exilés), “de nombreux·se observateur·rice·s ont fait état de conditions déplorables dans les centres de détention turcs, en plus de la surpopulation persistante, du manque de soins médicaux et de l’absence d’accès des détenu·e·s à l’assistance juridique.”

 

 

 

 

 

 

| 30/01/2024

La mise en cause de l’UNRWA inquiète les résident·e·s des camps de Cisjordanie

Cisjordanie. L’UNRWA a annoncé le 25 janvier avoir licencié douze de ses employés, sur la base d’informations fournies par Israël selon lesquelles ils auraient pris part à l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023. Malgré ces mesures, une dizaine de pays ont décidé de suspendre leurs financements à l’agence. Dans les camps de réfugié·e·s palestinien·ne·s de Cisjordanie, l’UNRWA est pourtant indispensable. Selon Ahmad Abu Shehadeh, 66 ans, enseignant à la retraite et résidant du camp de Balata, à Naplouse, “Ce camp, qui l’a construit ? L’UNWRA. Qui nous apporte de l’aide alimentaire ? L’UNRWA. Qui donne tout aux habitants ici, depuis 1948 et jusqu’à aujourd’hui ? L’UNRWA.” Il s’inquiète aussi du sort des employé·e·s de l’école où il a travaillé, dont les postes sont menacés. Pour Essam, un jeune travailleur, l’enjeu est surtout politique, et l’objectif est d’en finir avec la question des réfugié·e·s et du droit au retour : “Le village de mes ancêtres ? Il se trouve seulement à quelques kilomètres d’ici. Et je ne peux même pas le voir, ni y mettre un pied.”

 

 

 

 

| 01/02/2024

Des milliers de Syrien·ne·s risquent la famine dans un camp assiégé et en plein désert

Syrie. La situation est critique dans le camp de Rukban. Coincé·e·s du côté syrien de la frontière avec la Jordanie, des milliers de déplacé·e·s survivent dans ce camp improvisé en plein désert. La situation a empiré ces derniers mois avec l’apparition d’une maladie, nommée maladie de Newcastle, décimant les cheptels de volailles élevées sur place, source essentielle de nourriture. Ceci laisse craindre une famine alors que la malnutrition a déjà tué plusieurs enfants ces dernières années. Par ailleurs, une attaque au drone attribuée à un groupe pro-iranien a tué 3 soldats américains et blessé 32 autres le 28 février dans l’avant-poste “Tower 22” où le camp de Rukban s’est abrité, et qui assure le maintien à distance des forces du régime syrien. Cette région désertique est de facto sous contrôle américain, et les forces syriennes ne peuvent y entrer. C’est précisément pour cette raison que, malgré des conditions de vie précaires, des déplacé·e·s syrien·ne·s et nombre d’opposant·e·s à Damas ont choisi de s’y  regrouper, cherchant à échapper aux persécutions, tout en espérant une éventuelle traversée côté jordanien. Cependant, après une attaque de l’État Islamique en 2016, la Jordanie avait fermé sa frontière, y compris au commerce et à l’aide humanitaire, avant que la Syrie ne place le camp sous blocus. Alors que le camp comptait  quelque 100 000 habitant·e·s à son apogée, les conditions de vie extrêmes en ont fait fuir l’essentiel, ce chiffre est descendu à 8 000 aujourd’hui. L’attaque au drone fait planer le risque d’un départ de la garnison américaine et d’une reprise de contrôle de cette zone par les forces de Damas.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

| 04/02/2024

Les forces kurdes lancent des opérations de sécurité contre l’Etat Islamique dans le camp d’Al-Hol

Syrie. Les Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes, ont lancé fin janvier une opération de contre-insurrection dans le camp de déplacé·e·s d’Al-Hol du nord-est syrien, pour tenter de contenir l’influence grandissante des groupes djihadistes. Al-Hol a ouvert en 2016 pour accueillir les populations syriennes déplacées suite au conflit avec l’État Islamique (EI). Avec la déroute de l’organisation, les djihadistes défaits et leurs familles ont été mélangé·e·s aux déplacé·e·s. Le camp s’est alors transformé en vaste prison à ciel ouvert. Dans cette région, hors du contrôle de Damas, les forces pro-kurdes soutenues par les États-Unis et la coalition internationale contre l’EI dominent, et elles assurent la sécurité d’Al-Hol. Mais des cellules de l’EI y ont prospéré, et les forces pro-kurdes ont progressivement perdu le contrôle à l’intérieur de ce camp d’environ 44 000 personnes, devenu zone de non-droit, en proie à une extrême violence. Depuis un an, trois “campagnes de sécurité” ont été menées pour capturer de l’armement et des personnes suspectées de terrorisme, ainsi que détruire des tunnels. Une femme yézidie gardée captive avec ses enfants après avoir été enlevée il y a dix ans et mariée de force a pu être secourue. L’OCHA a indiqué avoir dû suspendre la plupart de ses activités humanitaires pendant cette troisième opération, notamment en raison d’attaques de représailles contre son personnel perpétrées par des habitant·e·s du camp.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

| 16/02/2024

L’Egypte construit une zone emmurée près de la bande de Gaza

Egypte. La Fondation du Sinaï pour les Droits Humains (SFHR) a publié sur X (anciennement Twitter) des photos et des vidéos datant du 15 février, où l’on voit des ouvriers construire des murs de béton et des tours de sécurité autour d’un terrain situé du côté égyptien du passage de Rafah. Selon l’association, ces efforts ont été entrepris “dans le but d’accueillir des réfugié·e·s en cas d’exode massif.” Le Wall Street Journal a cité des représentants égyptiens précisant que cette infrastructure pourrait accueillir plus de 100 000 personnes, et que de nombreuses tentes ont été livrées sur place. Mais sur la chaîne Al Arabiya, le gouverneur du Sinaï du Nord, Mohamed Abdelfadil Shousha, a nié que l’Egypte construisait un camp de réfugié·e·s, affirmant que ces travaux concernent le réaménagement d’une zone où des bâtiments avaient été démolis dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dans la région. Les attaques d’Israël contre Gaza depuis le 7 octobre ont provoqué selon l’ONU le déplacement d’environ 1,7 million de personnes, principalement vers le sud de l’enclave. Le gouvernement égyptien a exprimé à plusieurs reprises la crainte que des millions de Palestinien·n·es ne tentaient de fuir vers le nord du Sinai, pour ne plus pouvoir revenir par la suite, s’opposant à ce qu’il a qualifié de “déplacement forcé”. Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a évoqué un plan d’évacuation qui concernerait plus de la moitié des habitant·e·s de la bande de Gaza, sans fournir plus de précisions. D’après Mohannad Sabry, journaliste égyptien spécialiste de la péninsule du Sinaï, “si nous regardons comment chaque camp de réfugiés ou prison ont été construits dans le monde, c’est exactement de cette manière. Si ça ressemble à une prison ou à un camp de réfugié·e·s, c’en est probablement un ou une.”

 

 

 

 

 

 

 

 

 

| 29/02/2024

Rafah vibre de “peur et de fureur” et attend l’invasion israélienne

Palestine. Rafah est devenue un gigantesque campement, la situation humanitaire y est catastrophique, mais c’est la prochaine cible de l’armée israélienne. Ville du sud de la bande de Gaza comptant moins de 200 0000 habitant·e·s avant le conflit, elle a vu affluer environ 1.3 millions de déplacé·e·s, dont 600 000 enfants, espérant s’éloigner des combats. Alors que Rafah est la dernière ville dans laquelle l’armée n’a pas encore pénétré, elle est qualifiée de “dernier bastion” du Hamas par M. Nétanyahou. Le premier ministre israélien prévoit un assaut sur la ville, qui déjà vibre de “peur et de fureur” selon les mots du politiste Jamal Al-Fadi. On y compterait “environ 27 000 personnes par kilomètre carré” selon ses dires, dans ces conditions, une intervention ferait des “milliers” morts. Des craintes justifiées au regard des chiffres édifiants de la guerre telle qu’elle a été menée depuis octobre. Des experts mentionnent un taux de pertes civiles rarement vu à l’époque moderne, tous conflits confondus, ou encore, le pourcentage inédit de 70% de femmes et d’enfants parmi les décès. En attendant une possible intervention, les déplacé·e·s tentent de survivre dans la ville surpeuplée, devenue vaste agrégat d’abris de fortune. Alors que le Programme alimentaire mondial a déclaré la bande de Gaza en “situation d’insécurité alimentaire aiguë”, les denrées subissent une inflation considérable. En cause, le blocus total d’Israël, et les quelques camions venus d’Égypte pour approvisionner Rafah ne peuvent suffire. La pression internationale s’intensifie pour décourager l’attaque annoncée, mais dans son intervention du 29 février, M. Nétanyahou a déclaré qu’il n’y céderait pas. Il s’est au contraire félicité d’avoir obtenu de son gouvernement une “liberté d’opération” pour Tsahal “sans précédent” dans l’histoire d’Israël.