Terme sociologique et politique désignant une personne ou un groupe assigné socialement à une catégorie sociale de race, faisant généralement référence à des caractéristiques physiques, culturelles ou d’origines perçues comme non conformes à la norme dominante. Etre racisé·e signifie faire l’expérience du racisme structurel et systémique, c’est à dire de discriminations, d’inégalités et de mécanismes d’exclusion qui s’ancrent dans des rapports sociaux hiérarchique, historiquement produits par le colonialisme et l’esclavage.
Le terme ne désigne pas une identité biologique ou une essence, mais un rapport social. Il met en lumière un processus d’assignation à une altérité, opérée par la société majoritaire, qui désigne certaines populations comme autres.
Notes :
- Ce terme s’inscrit dans une lignée de pensée critique (Fanon, Guillaumin, Mbembe1) qui déconstruit le racisme comme système de pouvoir. Popularisé dans l’espace francophone par les luttes antiracistes et décoloniales à partir des années 2000, l’utilisation de racisé·e permet de décentrer le regard des discriminé·es vers les structures de domination productrices de ces discriminations, soulignant également que le racisme ne se réduit pas à des actes individuels, mais qu’il s’incarne dans des institutions, des lois migratoires, des contrôles policiers, des inégalités d’accès à l’emploi, au logement ou à la santé.
- Plusieurs travaux contemporains analysent l’imbrication du racisme avec des logiques de contrôle des mobilités, des frontières et de l’héritage colonial. Le régime frontalier européen, par exemple, opère selon des lignes de couleur et de classe, an maintenant les corps racisées dans une positio d’extériorité permanente, meme lorsequ’ils sont à l’intérieur des frontières2.
Sources :
1. Concernant les concepts de race, de racisme et de processus de «racisation», voir entre autres les travaux de Frantz Fanon, de Colette Guillaumin (article «Je sais bien mais quand même ou les avatars de la notion de race» publié dans La science face au racisme, 1981) ou de Achille Mbembe.
2. Voir notamment les travaux de Nicolas de Genova (2018), Sandro Mezzadra et Brett Neilson (2013), Catherine Withol de Wenden (2021), Sara Farris (2017).