Terme générique pour désigner toute personne qui se déplace hors de son pays d’origine vers un autre pays afin de s’y établir, quelles qu’en soient les causes1.

Note : Le terme migrant doit être utilisé avec précaution : 

  1. Il n’existe pas de définition consensuelle quant au terme «migrant.e» du point de vue du droit international. À titre d’exemple, l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) prend en compte les migrations internes et définit une personne migrante comme : «toute personne qui quitte son lieu de résidence habituelle pour s’établir à titre temporaire ou permanent et pour diverses raisons, soit dans une autre région à l’intérieur d’un même pays, soit dans un autre pays, franchissant ainsi une frontière internationale»2.
  2. Ce terme imprécis occulte des réalités migratoires diverses pour lesquelles il existe des définitions juridiques plus ou moins précises : travailleur·euses migrant·es, migrant·es victimes de trafic, migrant·es environnementaux·ales (ou réfugié·es environementaux), étudiant·es internationaux·ales, demandeur·euses d’asile, réfugié·es, déplacé·es internes, personnes sans papiers, etc. Ce mot fourre-tout permet donc de ne rien distinguer et par conséquent de détourner le regard sur des réalités migratoires et sur les raisons de celles-ci.
  3. Le terme de migrant·e – ou encore d’étranger·e – est devenu omniprésent dans l’espace médiatique et politique européen, notamment depuis 2015 à la suite d’une augmentation du nombre d’arrivées en Europe. Cependant ce terme générique employé de manière vague n’est pas neutre. Qualifier toutes personnes en situation de migration de «migrant.e» permet d’occulter les motifs du départ occultant ainsi les responsabilités juridiques et les engagements des États à leur égard. S’ajoute à celà l’idée sous-jacente d’une distinction entre personnes qui émigrent pour des raisons légitimes – i.e une exposition directe à des risques de persécution, de préjudices grave ou de mort – et d’autres qui émigrent pour des raisons moins légitimes – i.e des raisons économiques, familiales et/ou professionnelles. D’une part, les contraintes économiques, professionnelles et familiales pourraient être perçues à elles seules comme légitimes. D’autre part, la hiérarchisation des raisons en fonction d’une «légitimité» demeure ambiguë et imprécise face à l’analyse poussée d’une situation où tous ces motifs peuvent se cumuler et s’enchevêtrer.
  4. Le qualificatif «migrant·e» est généralement mobilisé pour qualifier la mobilité de personnes racisées, ou perçues comme telles. À l’inverse, les personnes blanches, ou perçues comme telles, se verront plus généralement attribuer le qualificatif d’expatrié·e.
  5. Un terme participant à déshumaniser les personnes qu’il désigne. Le Défenseur des droits, Jacques Toubon évoquait à propos de l’usage du mot « étranger·e » : « le fait que le droit et les pratiques perçoivent les individus comme «étrangers» avant de les considérer pour ce qu’ils sont, enfants, malades, travailleurs ou usagers du service public, conduit à affaiblir sensiblement leur accès aux droits fondamentaux »3. Il s’agit du même procédé avec l’usage du terme «migrant·e»4.
  6. La prolifération de ce terme occultant les motifs du départ cumulé aux politiques sécuritaires frontalières a rendu «le migrant» suspect, hors-la-loi en l’association à des idées d’invasion et de fuite en avant de nos sociétés5

 

Pour aller plus loin : Immigration : fabrique d’un discours de crise (10/18, coll. « Amorce », mars 2022)

Sources :
1. Sources : OIM – UNHCR – La Cimade
2. International Organization for Migration, Glossary on migration, IML Series No. 34, 2019
3. https://www.defenseurdesdroits.fr/sites/default/files/2023-07/ddd_rapport_droits-fondamentaux-etrangers_2016.pdf
4. https://www.histoire-immigration.fr/les-mots/qu-est-ce-qu-un-migrant
5. https://www.histoire-immigration.fr/les-mots/qu-est-ce-qu-un-migrant