L’intégration locale désigne le processus par lequel une personne réfugiée ou migrante s’installe dans une optique durable dans un pays hôte, avec un accès progressif à un statut légal stable, aux droits fondamentaux et aux services publics (logement, santé, emploi, éducation), jusqu’à une pleine participation à la vie économique, sociale, culturelle et civique. 

Notes :

  1. Ce processus, érigé par le HCR comme l’une des trois solutions durables, est soutenu par l’article 34 de la Convention de Genève (1951), qui engage les Etats à ce qu’ils facilitent «dans toute la mesure possible, l’assimilation et la naturalisation des réfugiés».
  2. Derrière son apparente neutralité technique, l’intégration locale est une pratique politique et territorialisée, dépendante des politiques nationales, des inégalités structurelles du pays d’accueil, et des degrés d’inclusion accordés aux personnes exilées. Comme le souligne Marie Poinsot (1995), elle ne saurait être réduite à une simple adaptation individuelle à un nouvel environnement. Elle relève d’une dynamique collective et conflictuelle, façonnée par l’interaction entre les attentes des personnes immigrés et celles de la société d’accueil, constituant ainsi un processus politique de reconstruction d’un espace social, mobilisant collectivités, habitant·es, associations, institutions locales et personnes concernées. Poinsot rejette les approches descendantes, qui imposent une norme univoque d’intégration et plaide au contraire pour une co-construction territoriale, où les personnes migrantes sont reconnues comme acteur·ices à part entière  des dynamiques locales et non comme simples bénéficiaires passifs de dispositifs publics. Ce caractère relationnel et conflictuel rend l’intégration locale à la fois nécessaire et parfois contestable sur son principe même, selon les contextes et les territoires.
  3. L’intégration locale peut se décliner selon des logiques d’assimilation, d’inclusion partielle ou de sélectivité, selon les profils, statuts et origines. Le cas des Ukrainien·nes en Europe en est une illustration. En effet, l’activation rapide de la Directive 2001/55/CE sur la protection temporaire a permis un accès élargi aux droits et une reconnaissance symbolique forte, contrastant avec le traitement réservé à d’autres groupes déplacés, souvent exclus de dispositifs comparables.
  4. L’OCDE (2018, 2022) rappelle que les politiques d’intégration se jouent d’abord à l’échelle locale. Mais si les villes sont en première ligne, elles manquent souvent de moyens pour la mise en œuvre d’une inclusion effective et qualitative. En France, les Contrats territoriaux d’accueil et d’intégration (CTAI) incarnent une tentative de coordination Etat-collectivités, mais restent inégalement répartis, faiblement financés – à hauteur de 8,7 millions d’euros en 2024 (Ministère de l’intérieur, 2025) – et insuffisants face aux obstacles systémiques à l’insertion des exilé·es (précarité administrative, racisme structurel, saturation de services publics etc).