Acteur·ice mandaté·e (Etat, organisation internationale, ONG internationale) chargé·e de la coordination quotidienne d’un site d’accueil temporaire ou prolongé pour personnes déplacées. Relevant du dispositif de Coordination et de Gestion des Camps (CCCM), cette fonction de gestion vise à assurer que l’aide et la protection mises en œuvre dans les camps sont conformes aux législations nationales et internationales, aux principes humanitaires (neutralité, impartialité humanité et indépendance opérationnelle), aux lignes directrices et aux standards convenus (voir. Manuel Sphère). Afin de répondre à cet objectif, le gestion d’un camp suppose une forte capacité de coordination intersectorielle, notamment  entre l’eau, la santé, l’assainissement, les abris, l’éducation – coordination permettant d’assurer le bon fonctionnement logistique, la répartition équitable des services humanitaires, la participation des communautés déplacées ainsi que leur sécurité physique et sociale. Tous ces secteurs supposent une articulation entre interventions lourdes (entretien des infrastructures, amélioration des conditions matérielles, réduction des risques etc..) et actions moins spatialisées (gouvernance communautaire, mécanismes de plainte, audits de sécurité, communication bidirectionnelle etc..). Ce rôle de gestionnaire peut être, dans une certaine mesure, comparé au rôle que joue une municipalité sans que le premier ne soit directement affilié à l’Etat. 

Notes : 

  1. Cette fonction cristallise cependant de nombreuses tensions politiques et humanitaires. Elle s’inscrit dans une architecture de gestion des déplacements forcés fondée sur des formes de spatialisation du contrôle. Le camp, figure majeure d’un espace de marginalisation spatiale, occupe à la fois la fonction de refuge et d’instrument de confinement. Si la gestion de ce dernier vise à améliorer les conditions de vie, elle peut également normaliser une situation d’attente prolongée et de précarité, contribuant malgré elle à l’institutionnalisation de l’exil au travers d’un enracinement spatial.
  1. Dans la majorité des discours d’agences, le rôle du gestionnaire est présenté comme vecteur de dignité, de participation et de responsabilisation des communautés déplacées. Cependant, la participation communautaire reste souvent rigide, encadrée voire instrumentalisée. Les comités mis en place dans les camps sous-représentent certaines catégories comme les femmes et les enfants ou peinent à peser dans les décisions structurelles. En effet, le pouvoir de décision reste largement concentré entre les mains des organisations gestionnaires et des bailleurs. Par ailleurs, les engagements à transférer la gestion des camps aux autorités locales se heurtent régulièrement à l’absence de capacités, de ressources, voire de volonté politique, ce qui prolonge la dépendance humanitaire.
  1. Les principaux gestionnaires des camps de déplacé·es sont : UNHCR ; OIM ; Etats
    1. L’Etat turque a géré certains camps de réfugiés syriens sans déléguer la gestion à une agence internationale
    2. L’Etat ougandais s’investit de manière significative dans la gestion de certains camps sur son territoire bien que l’UNHCR reste un acteur important dans la gestion de ces espaces. 

Pour aller plus loin :